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Pete Doherty : « Plonger dans la mer froide a le même effet que la cocaïne »

Retrouvez tous les épisodes de la série « Un château de sable avec…   » ici.
Longtemps Pete Doherty a fait le bonheur de la presse people. Et pas seulement parce que le guitariste chanteur à la gueule d’ange, qui avait fondé le groupe de punk rock The Libertines avec son alter ego Carl Barât, multipliait les frasques amoureuses dans la grande tradition du sex, drugs & rock’n’roll (sa tumultueuse et mémorable liaison avec Kate Moss). Mais surtout parce que l’abus de tout ce qui existe de paradis artificiels l’avait fait goûter à moult reprises à cet enfer cher aux poètes maudits : la prison.
Temps révolus ? Le Pete Doherty d’aujourd’hui a des allures de gentleman-farmer : 1,87 mètre de chair bien campée dans ses bottes en caoutchouc, visage rond sous la casquette de tweed et sourire apaisé face aux embruns d’Etretat-la-bourgeoise, où il a élu domicile, en Seine-Maritime. « La nuit où Macron a dit : “Nous sommes en guerre contre le virus” [du Covid-19, en 2020, en franglais dans le texte], on a quitté Paris avec ma femme et les chiens. »
Sa femme, c’est Katia de Vidas, un père d’origine grecque, producteur des films de Claude Lelouch, une mère née Mallet, le nom d’une proportion non négligeable des habitants d’ici. « Maurice Leblanc appelait la mère de ma belle-mère la “fille aux yeux violets” », raconte le chanteur que l’on retrouve, flanqué de deux clebs sympathiques, sortant d’une jolie maison que ne désavouerait pas l’auteur d’Arsène Lupin – coquet pavillon en brique surplombant la plage de galets et sa légendaire « aiguille creuse ».
Tous les jours, Pete Doherty se baigne dans l’eau salée. Seul ou avec les Dauphines, ce club local de nageurs et nageuses qui défie la météo au nom des sirènes. Tous les jours, c’est-à-dire quand il n’est pas en train de composer, d’enregistrer (The Libertines ont sorti, en début d’année, un quatrième album, All Quiet on the Eastern Esplanade, salué par la critique, qui avait eu tendance à les enterrer un peu vite – neuf ans se sont, à dire vrai, écoulés depuis le dernier), ou de jouer dans quelque bar à la fortune du pot : « Mon but, c’était de jouer de la musique et de survivre, et on a poussé ça assez loin », constate l’homme qui n’a eu de cesse, au détriment de sa santé, de briser avec panache ce qu’au théâtre on appelle le « quatrième mur », cette frontière invisible qui sépare l’artiste du public.
Chez Pete Doherty, il n’y a guère de frontière, comprend-on avec plaisir lorsqu’il se met à nous asperger alors que nous entrons dans l’eau : « Bastard ! It’s cold ! Elle est froide ! » Nous sommes comme deux gamins, le premier jour d’une colo de vacances, nageant vers le large, inconnus rendus solidaires par les éléments, l’eau qui encercle, les falaises qui toisent, l’orage qui menace – un gros cumulonimbus avance au loin doucement vers Le Havre. « Plonger le matin dans la mer, spécialement si l’eau est froide, c’est ce qui se rapproche le plus des sensations qu’on peut éprouver en prenant de la cocaïne, ou de l’alcool, cela provoque chez moi le même effet créatif », assure-t-il sans fard ni provocation, sobre constat.
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